Évènement air2025 : Intimité des disparus, mémoire des vivants, le mercredi 15 octobre à la CNIL
11 septembre 2025
La CNIL vous invite le mercredi 15 octobre 2025 à partir de 14h00 à son évènement de réflexion éthique, « Intimité des disparus, mémoire des vivants : quelle éthique pour les traces numériques ? », organisé en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France (BnF).

air2025 : un débat public pour comprendre les enjeux éthiques du numérique
La loi pour une République numérique de 2016 a confié à la CNIL la mission de conduire une réflexion sur les questions de société et les enjeux éthiques soulevés par l’évolution des technologies numériques.
La mise en œuvre de cette mission a conduit la CNIL à organiser des débats publics autour des nouveaux enjeux du numérique, au croisement d’expertises terrain et scientifiques : c’est l’objectif des événements air (avenirs, innovations, révolutions).
L’édition 2025 s’intéressera au sujet des données post mortem. Que deviennent nos données après la mort ? Quels sont les enjeux éthiques et sociétaux liés à leur traitement, leur transmission ou leur effacement ? Quelle place de ces données dans le patrimoine et la mémoire ?
Quel devenir pour nos données post mortem ?
À l’heure où nos existences s’entrelacent avec le numérique, une question émerge : quel devenir pour nos données post mortem ? Les traces numériques posthumes ne s’éteignent pas d’elles-mêmes au décès des personnes concernées.
Dans un contexte ou près d’un tiers des Français déclare avoir déjà été confronté à des contenus émanant de comptes de personnes décédés (Enquête Harris Interactive-CNIL, à paraître le 15 octobre 2025), la gestion des données post mortem s’est transformée en enjeu pour ceux qui restent. En France, le législateur a instauré la possibilité pour chacun de donner des directives, générales ou particulières sur le devenir de ses données. Les héritiers et ayants droit peuvent également agir, pour l'organisation et au règlement de la succession du défunt.
À l’échelon individuel, la mort numérique donne lieu à un ensemble de nouvelles pratiques. Qu’il s’agisse de médiatiser le décès de proche, de mettre en place des espaces de commémoration, le processus de deuil numérique prend des formes diverses, individualisées. De nouvelles solutions offrent à leurs utilisateurs une immortalité numérique rendue possible par le développement et la démocratisation des systèmes d’. Les descendants et les proches sont ainsi confrontés à un large éventail de choix, donnant lieu parfois à des conflits. Plus largement, ces usages soulèvent des questions éthiques et de société quant à notre relation aux « restes numériques ».
À l’échelon collectif, la démocratisation du numérique a eu pour corollaire une expansion sans précédent du dépôt de traces par toutes personnes amenées à publier, partager et même « aimer » en ligne. Depuis les pages personnelles des années 1990, aux blogs, puis aux réseaux sociaux, ces contenus « générés par les utilisateurs » ont alimenté le web, tout autant que des traces moins visibles, sous la forme de métadonnées. C’est tout une « histoire du temps présent » qui s’est constituée, en partie à base de données personnelles, auxquelles conservateurs et historiens doivent se confronter. La sauvegarde des cultures numériques pose ses propres questions éthiques.
Programme de l’événement
Sous réserve de modifications.
Accueil à partir de 13 h 30
Évènement animé par Mehdi ARFAOUI, Laboratoire d'Innovation numérique de la CNIL (LINC)
14 h 30
Ouverture par Marie-Laure DENIS, présidente de la CNIL
14 h 50
Table ronde – De la mort à l’immortalité numérique : quelles pratiques ? quels enjeux éthiques ?
Dans cette première table ronde, des experts aborderont les données post mortem du point de vue des usages relatifs à la mort numérique. Ils s’intéresseront aux questions de gestion et transmission des données, de deuil, ainsi qu’à l’au-delà numérique et aux nouvelles velléités d’immortalité numérique permises par le développement des systèmes d’IA.
Modérateur : Régis CHATELLIER, chargé d’études, usages, innovation et prospective au Laboratoire d'innovation numérique de la CNIL (LINC)
- Philippe CHARLIER, directeur du Laboratoire Anthropologie, Archéologie, Biologie (LAAB), UVSQ / Paris-Saclay - Mission de préfiguration du Musée et Centre de recherche Anthropologie, Archéologie, Biologie (MAAB). Il est l’auteur de Autopsie des fantômes. Une histoire du surnaturel (Tallandier, 2021) mais aussi de Comment faire l'amour avec un fantôme. Anthropologie de l'Invisible (Editions du Cerf, 2021).
- Fiorenza GAMBA, sociologue, chercheuse à l'Institut de recherches sociologiques de l'Université de Genève, membre du bureau scientifique du Centre International d'Études sur la Mort. Elle étudie les représentations contemporaines de la mort et de l’immortalité, notamment le deuil, les rituels de commémoration numériques et leurs enjeux éthiques.
- Fanny GEORGES, maîtresse de conférences HDR en Sciences de l’Information et de la Communication (SIC) à la Sorbonne Nouvelle, Institut de la Communication et des médias/UFR Arts & Médias. En 2025, elle publie La construction sociale des mythes sociotechnologiques - L’immortalité numérique (L'Harmattan).
- Bastien MIRAULT, directeur général du Groupe Funecap qui propose des services associés aux données post mortem, notamment pour la gestion et la fermeture des comptes de réseaux sociaux.
16 h 00
Présentation du Cahier Innovation et Prospective n°10, Nos données après nous
À l’occasion de cet événement, la CNIL publiera son 10ème Cahier Innovation et Prospective, consacré aux données post mortem. Ce document proposera des analyses, pistes de réflexion et recommandations pour mieux comprendre les implications éthiques et sociales de ce thème.
16 h 20
Interlude – Post-Mortem, projet de fiction-prospective
Présentation du projet Post-Mortem : une exploration des imaginaires du numérique et de la mort qui a débouché sur la création de quatre récits de fiction reprenant les grands enjeux des données post mortem : mémoire, fantômes, transcendance, héritage. Un projet mené par l’agence Mon Oncle, François HOUSTE et Julie GIRARDOT.
16 h 50
Table ronde – Des données personnelles à la mémoire collective : quels enjeux éthiques pour la conservation du patrimoine numérique ?
La seconde table ronde élargira la réflexion à la mémoire collective, de la conservation du numérique à la constitution d’un patrimoine commun, et elle permettra d’aborder les questions posées par les données personnelles dans ce contexte. Les intervenants questionneront également l’impact des nouvelles technologies, notamment des systèmes d’IA, pour la conservation et le travail des historiens.
Modératrice : Laurence FRANCESCHINI, conseillère d’État et membre du Collège de la CNIL
- Emmanuelle BERMES, archiviste paléographe et conservatrice générale des bibliothèques. Elle est l'autrice de De l’écran à l’émotion - Quand le numérique devient patrimoine (Ecole nationale des Chartes - PSL, 2024).
- Alexandre FAYE, conservateur à la Bibliothèque nationale de France (BnF) au sein du service du Dépôt légal numérique, spécialiste des archives web. Depuis 2020, il accompagne les projets de recherche dans leur usage de cette nouvelle source documentaire et est à l’initiative du projet Skybox : skyblogs à ciel ouvert.
- Caroline MULLER, Historienne du XIXe siècle, est spécialiste des archives personnelles et de l'intime. Elle mène une réflexion critique sur les enjeux éthiques et méthodologiques du travail avec des archives, en particulier en contexte numérique. En septembre 2025, elle publie : Écrire l'histoire. Gestes et expériences à l'ère numérique (Armand Colin)
18 h 00
Conclusion par Gilles PÉCOUT, président de la Bibliothèque nationale de France